Théophile Busnel (1843-1918) a souvent illustré les monuments de Carnac.

Dessinateur et graveur rennais renommé, catholique militant, proche du mouvement régionaliste, il collabora avec la plupart des grands écrivains, folkloristes, historiens et archéologues bretons de son temps.

L’illustration est un art particulièrement ingrat et le statut de l’illustrateur, subordonné au texte, devant rester fidèle à l’esprit de l’œuvre, est particulièrement inconfortable. La marge de manœuvre est étroite. Dans un sens il y a le risque de la trahison, de l’autre celui de la redondance.

Parfois, des créateurs investissent des espaces de liberté. Dès lors, le rôle du dessin n’est pas tant de visualiser l’histoire, les lieux ou les personnages que de se faufiler dans des interstices du texte, d’ouvrir vers des ailleurs.

C’est ce que réussit Théophile Busnel. Si certains de ces dessins capturent sur le vif des scènes de genre, ici une procession traversant le champ de menhirs du Ménec, là un tailleur de pierre à l’ouvrage, d’autres sont plus oniriques, comme ce breton contemplant les alignements de Carnac.

A côté, quelques autres investissent un imaginaire fantastique, sombre et inquiétant, presque surréaliste. Busnel hisse ici l’illustration au rang d’art à part entière et rejoint la grande famille des artistes visionnaires.

A quand une rétrospective Busnel à Carnac ?

Cyrille Chaigneau pour Les Vaisseaux de Pierres