Le saviez-vous ? Le plus ancien cliché des alignements de Carnac ayant été édité fut pris en 1857 ! Il est en relief et certains tirages ont été colorisés !!!
Charles-Paul Furne (1824–1875) et son cousin Henri-Alexis-Omer Tournier (1835-1885) sont, en l’état actuel de nos connaissances, les premiers photographes professionnels à prendre des clichés des alignements de Carnac, à les déposer et à les éditer. Le 30 octobre 1857 ils remettent au dépôt légal la photo stéréoscopique « Portail de l’église de Carnac », le 15 décembre 1857 c’est au tour de « Carnac / Pierres druidiques / Un menhir ». Ces 2 photos stéréographiques font partie d’un ensemble de 233 clichés de la série prise à l’été 1857 : Voyage en Bretagne.
Dès le 7 novembre 1857, Ernest Lacan, rédacteur du journal « La Lumière », écrit un bel article sur les 233 clichés de la série. Il conclut : « Le voyage en Bretagne est une des œuvres les plus remarquables et les plus complètes que l’on ait publiées ». Mais pouvait-il dire autre chose ? Son patron, Alexis Gaudin, propriétaire du journal, n’est autre que l’éditeur de la série3. D’ailleurs, la liste complète des clichés paraît dans une publicité du journal la semaine suivante, sous le titre : « La Bretagne au Stéréoscope : voyage pittoresque et artistique : Vues, Monuments, Types, Scènes de mœurs, Costumes etc… ». Les cartes stéréos sont vendues 12 francs la douzaine, chez Alexis Gaudin et frères, Paris 9 rue de la Perle4.
Lors du même voyage les deux cousins prennent des clichés avec une chambre grand format. Parmi ceux-ci ils éditeront 45 épreuves (20 x 30 cm), dans une série appelée « Vues, monuments et costumes de Bretagne » qui paraitra en 9 livraisons à partir de 1857. Parmi eux 4 clichés de Carnac « L’église », « Pierres Druidiques A », « Pierres druidiques B » et « un Menhir »6. Les grands formats sont pris sur les mêmes sites que les stéréographies, mais avec des points de vue légèrement différents. Par exemple ci-dessous, on retrouve la dalle couchée et le chemin sur les deux photos.
(1857) – épreuve sur papier albuminé à partir d’un négatif sur verre au collodion (19,8 x 26,2 cm) / © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
2 : Furne fils & H. Tournier / Voyage en Bretagne – détail de la stéréographie n° 13 (collection particulière)
Un voyage révolutionnaire
La logistique de la tournée de prise de vues a été soigneusement préparée par Furne et Tournier. Mais la diversité des clichés laisse penser que les deux cousins s’autorisent une grande liberté dans le choix des sujets et décident sur place, avec beaucoup de pragmatisme, des clichés qu’ils vont prendre. Ce ne sont pas de simples exécutants envoyés par un éditeur avec une liste de photos, mais des chefs d’entreprise et des artistes qui suivent leurs intuitions.
Ils se documentent pour tracer leur parcours et définir les points d’intérêt à photographier. La Bretagne est décrite à cette époque dans des ouvrages illustrés de gravures. En 1841 est paru l’album La Bretagne pittoresque ou choix de monuments, de costumes, ou de scènes de mœurs de la Bretagne, par Emile Souvestre, constitué de 10 gravures et d’une page de commentaire pour chacune. En 1847, paraissent les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France du Baron Taylor sur la Bretagne, un grand ouvrage de 353 planches lithographiées et de 385 pages de texte. La photographie va porter un coup fatal à ce type de production.
L’objectif de Souvestre est de promouvoir la culture populaire Bretonne. Celui du Baron Taylor est de documenter les monuments de l’ancienne France pour mieux les protéger. Quel est le but de Furne et Tournier ? On ne le sait pas vraiment. Il n’y a pas de texte pour accompagner les images et les deux compères ne nous ont pas laissé d’archives. Peut-être jugent-ils que les photographies se suffisent à elles même. Peut-être sont-ils pressés d’organiser leur prochaine expédition. Peut-être n’ont-ils simplement pas de goût pour l’écriture.
Leur organisation est décrite ainsi : ils utilisent une « carriole photographique (…) aménagée en chambre noire et tirée par un unique cheval ». « Outre leurs effets personnels, la carriole servait au transport de deux chambres photographiques (une chambre binoculaire et une chambre grand format), de tout un arsenal de cuves et de bouteilles de produits chimiques indispensables au traitement des clichés, ainsi que de plusieurs boîtes en bois permettant le rangement de près de trois cents plaques de verre »7.
Sur les 233 clichés ils nous font découvrir des monuments réputés, mais ils n’oublient pas les activités du quotidien populaire breton : femmes au lavoir, ouvriers tanneurs, chantiers de construction de bateaux, quais encombrés de tonneaux d’appâts. On y trouve aussi, des clichés « artistiques » : enfants jouant au milieu d’une rivière, canards au repos à l’entrée d’une ferme, paysans allongés au bord d’une haie, vues japonisantes sur la mer à travers les arbres. Furne et Tournier mélangent les genres avec gaité. Ils nous offrent à la fois un voyage architectural, un voyage ethnographique et un voyage poétique saisissant de furtifs moments de bonheur simple.
2 : N° 70 / Voyage en Bretagne / Douarnenez – A travers les arbres au fond de la baie (collection particulière). Ici, Tournier assume son rôle de figurant et se découpe face à la mer.
Là où ils se plaisent ils prennent des photos : 20 pour Roscoff, 19 pour Quimperlé, 13 pour la seule pointe Saint-Matthieu, 12 pour Douarnenez. Ils affectionnent particulièrement les petites villes de bords de mer et l’océan est souvent présent sur leurs clichés.. Les grandes villes ne semblent pas retenir leur attention, trop civilisées peut-être, puisque Vannes ne bénéficie que de 2 photos, Quimper 6, Brest 4, Saint-Brieuc 5 et Rennes aucune.
La photographie mettra encore pratiquement 40 ans pour s’imposer comme source unique d’illustration dans les livres et les journaux, le temps que l’on trouve les techniques pour l’imprimer à un coût acceptable. Lors d’une période intermédiaire on imprimera des gravures « d’après photographie ». La photographie permettra de montrer la taille réelle des mégalithes et non pas la taille souhaitée par les éditeurs. Pourquoi Flaubert a-t-il été déçu par les alignements de Carnac lors de son voyage de 1847 ? Parce qu’il s’attendait à les voir comme sur les gravures.
Le titre donné à la série dans le magazine « l’Image » est complet : « la Bretagne au Stéréoscope : voyage pittoresque et artistique : Vues, Monuments, Types, Scènes de mœurs, Costumes, etc… ». Il montre bien la diversité des sujets traités dans la série. Il nous rappelle également qu’en 1857 Chateaubriand est passé de mode, le “voyage pittoresque” n’est désormais plus romantique mais artistique.
Pourquoi la stéréographie ?
Le voyage de Furne et Tournier en 1857, puis celui de Lovell Reeve l’année suivante8 ont lieu en plein âge d’or de la stéréographie.
La stéréographie naît de deux inventions. D’une part un appareil pour visionner en relief, c’est le stéréoscope de Charles Wheatstone (1802-1875), qui permet d’obtenir cette impression de relief à partir de deux images ayant des prises de vues décalées. D’autre part La photographie qui permet ces prises de vues décalées par déplacement latéral de l’appareil photo, ou par une chambre avec deux objectifs, séparés l’un de l’autre de la distance nécessaire (la distance entre nos deux yeux). Quand Charles Wheatsone présente son stéréoscope en juin 1838 à la Royal Society de Londres , l’appareil est très encombrant, la photographie n’existe pas (il utilise deux images dessinées) et donc aucune application commerciale n’est envisageable. C’est le développement de la photographie et la mise au point d’un appareil de visionnage plus simple par l’Écossais David Brewster (1781-1868) qui vont populariser la stéréographie.
La stéréographie va diviser les photographes pendant une vingtaine d’années, gadget pour enfant pour les uns, invention révolutionnaire pour les autres. Furne, Tounier ou Reeve feront partie des convertis. En 1861, le catalogue « Photographies » du duo ne présente que des formats stéréo. Lovell Reeve, quant à lui, lancera le magazine « The Stereoscopic Magazine » en 1858.
L’âge d’or de la stéréoscopie se situe entre 1857 et 18639. La technique se maintiendra par la suite mais de manière plus confidentielle et plus spécialisée. Elle sera par exemple utilisée par de nombreux éditeurs comme support de cours pour les écoliers entre 1900 et 193010. Des appareils stéréos seront disponibles pour les particuliers à la même époque comme le Vérascope Richard produit entre 1890 et 193011. Et dans les années 1970 on pouvait encore acheter, partout en France, et parmi d’autres marques, des stéréoscopes en plastique Lestrade avec un carton rigide de dix vues intégrées en couleur.
Vannes, Auray, Carnac, et les mégalithes dans tout cela ?
Furne et Tournier ne semblent pas porter un intérêt particulier pour les monuments mégalithiques du Morbihan sud. Ils ne consacrent qu’un seul cliché à Carnac. Un deuxième cliché du portail de l’église hisse Carnac au rang de Vannes en nombre de prise de vue. Pour le reste du Morbihan sud, on compte 6 stéréos pour Auray (4 de la chartreuse, 1 de la chapelle des martyrs, auxquelles s’ajoute la vue d’une croix de chemin), 3 pour Sainte-Anne-d’Auray (1 de la chapelle et 2 de la Scala Sancta). Locmariaquer est oublié.
Sur les 11 stéréos qu’ils prennent de ce qu’il est convenu d’appeler « Auray et ses alentours », 10 sont consacrés à des édifices religieux, églises et édicules. Difficile de dire si ce choix est dicté par leur goût personnel ou par leur sens des affaires. En effet, beaucoup de touristes à l’époque viennent à Auray d’abord pour se recueillir sur les lieux des visions de Nicolazic et sur les stations des martyrs de Quiberon, les monuments “druidiques” ne sont que la cerise sur le gâteau. Lorsqu’il visite la Bretagne en août 1858, l’Empereur Napoléon III passe une journée à Sainte-Anne-d’Auray et rien n’indique qu’il visite les monuments mégalithiques de Carnac ou de Locmariaquer.
2: « Voyages en Bretagne / N° 4. Près d’Auray/ Intérieur de la chapelle du couvent de la Chartreuse / Monument où sont renfermés les restes des victimes de Quiberon » (collection particulière)
3 : « Voyages en Bretagne / N° 10. Sainte Anne d’Auray / L’Échelle Sainte, n° 2. » (collection particulière)
4 : « Voyages en Bretagne / N° 11. Sainte Anne d’Auray/ Vue générale de la chapelle des pèlerinages » (collection particulière)
En fin de voyage, peut-être se rendent-ils compte qu’ils sont passés à côté d’un sujet, car près de Roscoff, ils prennent trois photos des dolmens de Keravel (stéréographies n°171, 172, et 173). Sans minimiser leur intérêt, puisqu’ils ont été représentés dans les « Voyages Pittoresques et romantiques », sous le nom de Parc ar Dolmen12, et dans les cartes postales Neurdein, sous le nom de Dolmens de Caravel, on ne peut que regretter que Furne et Tournier n’aient pas privilégiée la Table des Marchands, le dolmen de Crucuno ou Mane-Kerioned. Les trois dolmens de Keravel seront détruits par leur propriétaire entre 1943 et 1946 pour faciliter la culture13 14.
Le « Dolmen A » est reconnaissable dans la gravure ci-dessous.
2 : « N° 173 / Voyage en Bretagne/ Roscoff (Finistère) / Un Dolmen C – version N&B avec tirage arrondi sur le haut, étiquette derrière / @ Clem Patrimoine/Stéréopôle15
Le « dolmen C » est reconnaissable dans la photo 1233 de Neurdein Frères.
Le parti pris éditorial est différent avec les clichés de leur chambre grand format. Les photos ont été prises en même temps et aux mêmes endroits, mais la sélection des 45 clichés, commercialisée en 9 livraisons, parait plus équilibrée. Ainsi Roscoff passe de 20 à 2 clichés (mais conserve un dolmen), Quimperlé de 19 à 2 et la pointe Saint-Matthieu disparaît. Seules quatre villes disposent de 4 photos : Carnac, Quimper, Douarnenez et Saint-Thégonnec et Carnac est la seule à avoir plus de photos grands format que de photo stéréo (1 de l’église et 3 des mégalithes). Peut-être parce qu’ils ont pris du recul, peut-être parce qu’ils visent une clientèle différente, peut-être parce que c’est le choix exclusif de Furne16, ou le conseil de l’éditeur.
Personnages
Cela va presque devenir une tradition pour les photographes, se faire immortaliser au milieu des mégalithes de Carnac. Pour notre plus grand bonheur, Furne et Tournier font de la figuration et apparaissent plusieurs dizaines de fois dans la série « Voyage en Bretagne ». L’un ou l’autre prend la pose, agenouillé au pied d’une croix ou d’un autel, au milieu d’un groupe d’enfant pour les faire tenir longuement immobile durant la prise de vue, ou de dos devant un monument pour donner l’échelle
Distribution et autres productions
Furne et Tournier distribuent leurs stéréographies chez Alexis Gaudin et Frères. La société est au 9 rue de la Perle à Paris, et héberge à la même adresse le magazine « La Lumière ».
Par ailleurs, les compères réalisent une série de 74 stéréos pour les Chemins de Fer du Nord. « De Paris à Boulogne-sur-mer » (60 stéréos) et embranchement de Creil à Beauvais (14 stéréos). Les cartes semblent distribuées par la compagnie de chemin de fer et servir de support publicitaire, avec la durée du trajet et le prix des places à l’arrière.
Les deux cousins produisent pendant l’âge d’or de la technique, entre 1857 et 1864, près de 40 séries de vues stéréoscopiques (pour un total de 7000 photographies), dont : Bretagne (1857-1858), Pyrénées (1858), Provence et Languedoc (1858), Cherbourg (1858), Suisse (1860), châteaux et résidences impériales (1858-1859). Mais ils créent et diffusent également des scènes de genre et des fictions théâtralisées, comme : Groupes divers pour le stéréoscope (1857), l’Alphabet des costumes (1859), Un mariage sous Louis XV (1859) et Une maison à Paris (1860). Le catalogue « photographie » qu’ils déposent au dépôt légal en 1861 est divisé par thèmes : « Voyages » (p. 5-31), « palais impériaux » (p. 35-38), « groupes et sujets de fantaisie » (p. 41-46). Toutes les vues qu’ils présentent sont des « sujets au stéréoscope ».
« En 1861, Charles-Paul Furne cesse toute activité en lien avec la stéréoscopie pour reprendre la maison d’édition de son père ; il cède le fonds à son cousin qui l’exploite jusqu’en 1865, avant de le vendre à Armand Varroquier18. »
Comme Neurdein plus tard, ils ne dédaignent pas de tirer des formats CDV, avec des photos de gravures représentant des tableaux (La vierge au poissons) ou de véritables photos des personnalités célèbres de l’époque : la princesse Eugénie ou l’impératrice Sissi.
2 et 3 : Cliché d’une gravure, reproduisant un tableau de Raphael, la « Vierge au poisson », format CDV, (collection particulière)
Philippe le Port pour Les Vaisseaux de Pierres
Notes
- https://www.stereotheque.fr/result,12607-0 ↩︎
- https://www.stereotheque.fr/result,12606-0 ↩︎
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5855668h/f1.image# ↩︎
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5855672d/f4.item ↩︎
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5855672d/f4.item ↩︎
- https://bcd.bzh/becedia/fr/bibliographie-catalogues ↩︎
- https://bcd.bzh/becedia/fr/les-expeditions-photographiques ↩︎
- Voir : https://lesvaisseauxdepierres-carnac.fr/un-photographe-et-un-editeur-brittaniques-dans-les-menhirs-de-carnac-en-1858-henry-taylor-et-lovell-reeve/. La décision de Reeve de suivre Jephson en Bretagne pour y faire une expédition photographique en 1858 n’est certainement pas fortuite. Passionné de stéréographies, il a certainement pris connaissance du voyage de Furne et Tournier en 1857 par le journal « L’Image ». ↩︎
- https://bcd.bzh/becedia/fr/le-relief-et-les-vues-stereoscopiques ↩︎
- Entre 1881 et 1955, La société Underwood et Underwood aux Etats Unis et son successeur Keystone produiront des millions de cartes stéréo, à partir de presque 2 millions de négatifs. Source https://en.wikipedia.org/wiki/Keystone_View_Company ↩︎
- « Produit par Jules Richard des années 1890 à 1930, le Vérascope existait en format 45 × 107 mm ou 6 × 13 cm (et marginalement, en format 7 × 13 cm). Il était en laiton bleui chimiquement, et existait en de nombreuses versions, suivant les exigences du client. » ; source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Appareil_st%C3%A9r%C3%A9oscopique ↩︎
- Dans ses Voyages romantiques dans l’Ancienne France, Taylor et Nodier ne pouvaient pas passer à côté sans nous en parler. Ils voient « quatre dolmens réunis et groupés symétriquement. Les deux premiers ouverts à l’est, et sur deux lignes parallèles touchent presque au troisième, le plus grand de tous, placé au centre. Une espèce de corridor obstrué par les ronces mène de ce dolmen dans le quatrième qui semble avoir été fermé à l’ouest… » Au cadastre de 1847, l’allée figure toujours d’un seul bloc de 20 m de long. Le champ s’appelle Reuniou-Parc-an-Dolmen et appartient au sieur Duportal, de Rennes. Source http://kerhoant.e-monsite.com/pages/divers/les-dolmens-de-keravel.html ↩︎
- « Et c’est durant l’Occupation que se produisit l’irréparable. Les dolmens de Keravel disparurent du paysage. Noël Spéranze indique en 1952, : les dolmens de Keravel furent détruits par le propriétaire du champ où il se trouvaient, pendant la dernière guerre, en 1943. Il avait pensé que l’ombre portée par ces pierres vénérables était préjudiciable, autant que les allées et venues des visiteurs, à l’exploitation du Park-an-Dolmen, dont les choux-fleurs et les artichauts avaient à ses yeux une valeur plus tangible. Spézance date de 1943 la destruction des dolmens de Keravel. Il est contredit par Sébastien Minguy : « En 1946, assure-t-il, ces derniers furent pulvérisés à la dynamite par le propriétaire des champs pour laisser ainsi plus de surface aux cultures. » Recteur de Roscoff, l’abbé Jean Feutren donne encore une autre version : « Le dolmen de Kéravel, comme on le dénommait, était à 300 mètres environ de Leslec’h, anciennement ce fut le village le plus proche du monument. Jusqu’à la guerre de 1939 ce dolmen fut une des grandes attractions touristiques du Pays de Saint Pol. Le propriétaire du terrain profita de la présence des Allemands pour faire débiter impunément les blocs et “débarrasser” son champ de ce monument qui le gênait ; c’était en 1942. ». Les pauvres dolmens auraient été réduits en moellons. L’explication du propriétaire ? Henri Queffélec nous la donne dans l’un de ses ouvrages : « Mon Dieu, expliquait-il à un visiteur, surpris, on avait fait les choses en règle. Il avait demandé l’autorisation aux Allemands, les Allemands avaient dit qu’il pouvait démolir, que ça ne les gênait pas… ». En décembre 1948, la Société préhistorique française évoque l’affaire : « Le splendide monument (dolmen, ou allée coudée ?)) ruiné de Keravel en Saint-Pol-de-Léon (Finistère) a été détruit il y a quelque temps par sa propriétaire. Il semble difficile de la poursuivre, car il y a doute sur la réalité du classement (ce serait trop long que d’expliquer ici ce mystère administratif). » Source http://kerhoant.e-monsite.com/pages/divers/les-dolmens-de-keravel.html ↩︎
- voir aussi : https://lesvaisseauxdepierres-carnac.fr/prehistoire-du-cinema-1/ ↩︎
- https://www.stereotheque.fr/result,4028-0 ↩︎
- https://www.baronribeyre.com/lot/90836/8627931-charles-furne-18241875-et-henrnpp=50& ↩︎
- On trouve deux clichés de la Pierre de la Fée dans le voyage « Provence et Languedoc » qu’ils effectuent en 1858. Ce sont les clichés 13 et 14, avec les titres Dolmen (N°1) et Dolmen (N°2) ↩︎
- https://imagestereoscopiques.com/stereopedia/les-editeurs/furne-tournier/ ↩︎
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b72004727 ↩︎
Pour citer cet article : Le Port P., 2023. La série stéréoscopique « Voyage en Bretagne » (1857) par Charles Furne (1824–1875) et Henri Tournier (1835–1885). In : Les Vaisseaux de Pierres. Exploration des imaginaires autour et sur les mégalithes de Carnac et d’ailleurs, mis en ligne le 25 janvier 2024.- https://lesvaisseauxdepierres-carnac.fr/, consulté le : …