Le musée imaginaire (4). Jean Oberlé

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Jean Oberlé (1900-1961).- Le Ménec à Carnac (1949).- Huile sur toile signée en bas à gauche, datée 1949 au dos (81 x 65 cm).- Collection particulière.

Jean Oberlé (1900-1961) est un journaliste, résistant, dessinateur et peintre, né à Brest le 13 janvier 1900.

Il monte à Paris vivre une vie de bohème qu’il raconte dans son livre La Vie d’artiste paru en 1956. Il rencontre tout ce qui compte dans le Montparnasse des années 1920. Une profonde amitié le lie à Max Jacob, dont il peint le portrait à plusieurs reprises. Vite reconnu, il obtient le prix Blumenthal en 1934.

Dans les années 20-30, il travaille principalement comme dessinateur et caricaturiste pour des revues comme Le Rire ou Le Crapouillot.

Très gravement atteint par une poliomyélite à 28 ans, et n’ayant pu se mettre à marcher que très lentement avec une canne en 1937, aucune arme ne lui offrait même une ombre d’activité militaire. Artiste peintre avant tout, il est déjà depuis longtemps journaliste à ses heures. Alors, être envoyé à Londres à l’automne 1939, comme correspondant de presse pour Le Journal, est plus qu’une aubaine. Lorsque que L’Armistice est signée, il décide de rester à Londres.

Résistant de la première heure, il est donc à Londres en 1940 avec Jean Marinet, Paul Gordeaux à la “Broadcasting House” quand le Général de Gaulle prononce en leur présence l’appel du 18 juin.

Le 14 juillet 1940, il entre à la BBC et participe pendant quatre ans à l’émission “Les Français parlent aux Français”. C’est ainsi qu’il devient l’un des principaux animateurs de Radio Londres, la voix de la France Libre, aux côtés de Pierre Dac, Jacques Duchesne, Pierre Bourdan, jean Marin ou Maurice Schumann. Créateur de multiples slogans, on lui doit le fameux : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ».

Générique des “Messages personnels” diffusé par la BBC / Radio Londres, avec “Radio Paris ment” chanté par Pierre Dac suivi de la voix de Jean Oberlé.

A la Libération, il rentre à Paris et fait partie du comité de rédaction de l’hebdomadaire Bref, créé par l’équipe française de la BBC, reconstituée à cette occasion et dont le premier numéro paraît le17 novembre 1945. Il dessine quelques premières de couverture et rédige une rubrique “Ceci dit” qu’il illustre de ses dessins. Journaliste et illustrateur de talent, plein de fantaisie et d’à-propos, il fut l’une des figures importantes de la presse d’après-guerre.

Par ailleurs, il peint toute sa vie durant des portraits en pied du petit peuple (les conscrits, les musiciens, le monde paysan) et réalise, toile après toile, le portrait de la bourgeoisie provinciale et parisienne qu’il fréquente. On connait moins sa peinture de paysage pourtant passionnante. Pour le Morbihan, on peut lister : Le Port d’Etel (1946), Saint Cado à Belz (1953), Les barques au Magouer à Plouhinec, etc.

Caricaturiste, il pouvait croquer un personnage en quelques traits de plume. Peintre, il a su saisir ici “l’esprit” du Ménec à Carnac. La quiétude du champ de menhirs encore installé quelque temps dans un monde rural qui va bientôt disparaître : le corps de ferme au pignon blanchi à la chaux, les vaches qui rentrent à l’étable, une simple échelle posée pour accéder au fenil…

François Forestier, du Nouvel Observateur, résume sa vie artistique par ces quelques mots : “Peintre charmant, dessinateur doué, illustrateur très demandé“. Il décède le 2 mars 1961 à Paris.

Philippe Le Port et Cyrille Chaigneau pour Les Vaisseaux de Pierres.

Bibliographie

  • Oberlé J., 1945. Jean Oberlé vous parle, souvenirs de 5 années à Londres. La Jeune Parques, 1945
  • Oberlé J., 1956. La vie d’artiste. Denoël, 1956
  • Oberlé J., 19662. L’Americain at home. La Palatine, 1962

Cette publication a un commentaire

  1. Anne

    Souvenir d’un temps révolu, en si peu de temps que de changement !

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