Mégalithes et constructions identitaires (2) : l’exemple de l’hôtel de ville de Rennes !

  • Dernière modification de la publication :3 juillet 2024
  • Post category:Histoire / Identité / Peinture
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Quand on s’intéresse aux constructions identitaires, force est de constater que pour une même époque et pour une même région, elles peuvent être multiples, contradictoires, concurrentielles voire antagonistes. Examinons la question à partir de deux exemples bretons : d’un côté, le décor monumental de l’hôtel de ville de Rennes, de l’autre, un tableau réalisé pour la cathédrale Saint-Pierre de Nantes.

Dans les deux cas, des dolmens et des menhirs… cherchez l’erreur !

Poursuivons par le tableau rennais…

Louis ROGER (1874-1953).- Armor (1908).- Huile sur toile présentée au Salon de 1908, aujourd’hui perdue

Louis ROGER (1874-1953) fait partie de ces peintres de genre et de portraits, qui, pur produit de l’académisme, vont décorer les bâtiments officiels de la Troisième République à la charnière des 19ème et 20ème siècles.

Né à Paris, il a des liens avec Rennes puisqu’il étudie la peinture dans l’atelier de Félix Lafond à l’École régionale des beaux-arts de la ville. Il poursuivra ses études artistiques dans les ateliers de Benjamin Constant et de Jean-Paul Laurens aux Beaux-Arts de Paris.

Il est très vite remarqué. Médaille de 3ème classe en 1898, médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1900, il obtient le prestigieux prix de Rome de peinture en 1899 pour « Hercule entre le Vice et la Vertu ». Bientôt, il est admis à exposer au Salon de la Société des artistes français, dont il devient sociétaire à partir de 1905.

Et c’est au Salon qu’il présente en 1908 un tableau intitulé Armor, allégorie d’une Bretagne préhistorique ou/et celtique en forme de paradis perdu (on a aujourd’hui perdu la trace de cette œuvre qui n’est connue que par les cartes postales de l’époque).

C’est probablement grâce à cette huile sur toile que Louis Roger sera retenu en 1911 pour décorer le grand escalier d’honneur et la salle des mariages de l’hôtel de ville de Rennes.

Au pays légendaire d’Armor décorait donc le grand escalier d’honneur. Dans un paysage côtier dominé par un menhir, un vieux berger (druide ?) harangue des jeunes gens installés devant la proue d’un bateau. Pour l’auteur, cette toile symbolisait « la poésie sauvage née à l’aurore de l’existence« .

Dans le cadre officiel de l’hôtel de ville de Rennes, qui s’affirme petit à petit capitale de la Bretagne au détriment de Nantes, Louis Roger va ainsi participer à la construction du discours identitaire d’une Bretagne, fondamentalement, essentiellement, intrinsèquement et éternellement celtique.

Aujourd’hui, ce grand panneau de toile peinte a été décroché, trop abîmé physiquement et idéologiquement, mais le Musée de Bretagne le conserve soigneusement roulé dans ses réserves.

Cyrille Chaigneau pour Les Vaisseaux de Pierres

Pour citer cet article : Chaigneau C., « Mégalithes et constructions identitaires (2) : l’exemple de l’hôtel de ville de Rennes ! », Les Vaisseaux de Pierres. Exploration des imaginaires autour et sur les mégalithes de Carnac et d’ailleurs, mis en ligne le 17 janvier 2023.- https://lesvaisseauxdepierres-carnac.fr/, consulté le : …

Cet article a 2 commentaires

  1. Jean-François Lasnier

    salut Cyrille,
    le tableau de Louis Roger a été présenté au début de l’année dernière dans l’exposition « Rennes 1922 », au Musée des Beaux-arts de Rennes. Je tiens le catalogue à sa disposition si ça t’intéresse, il y a un article très complet sur le décor de l’Hôtel de Ville de Rennes. A plus.
    Jean-François

  2. Les vaisseaux de pierres

    Bonjour Jean-François. Je consulterai le catalogue avec grand plaisir. Cela me permettra de compléter cet articulet. C’est tout l’intérêt du site Internet de l’Association. Pouvoir réviser et enrichir les contenus au gré des commentaires des uns et des autres, de même que les ouvrir à d’autres contributeurs que notre cercle restreint actuel. Si ça vous dit, vous êtes les bienvenus, toi et une certaine personne de ta connaissance (lol). Au plaisir de te/vous lire à nouveau. Cyrille.

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