Un monument néomégalithique : le mémorial juif du camp d’extermination nazi de Tréblinka (Pologne)

En France et en Allemagne, le 27 janvier est déclaré Journée mondiale de la mémoire des génocides et de prévention des crimes contre l’humanité.

Mémorial de Treblinka © AFP/Janek Skarzynski

Au moment où la Bête immonde repointe le bout de son nez à longueur de posts haineux sur les réseaux sociaux ou d’éditoriaux sur les chaînes “d’information” continue, il est bon de rappeler que le plus grand champ de menhirs du monde se trouve en Pologne à 80 km de Varsovie.

17000 stèles installées en lieu et place du camp d’extermination nazi de Tréblinka pour perpétuer le souvenir des 870 000 Juifs (certaines estimations montent à 1200000 victimes) qui y furent mis à mort de manière industrielle entre le 27 juillet 1942 et le 19 août 1943.

A partir de cette date, les nazis décident le démantèlement des chambres à gaz et la remise en herbe du camp, ce qui est fait entre septembre et novembre 1943. Le but est alors d’effacer toute trace d’activité criminelle. À la fermeture de Tréblinka, tous les Juifs qui y ont travaillé sont gazés au camp de Sobibor, et leurs corps sont brûlés.

La plupart des victimes sont des Juifs issus des ghettos polonais. Durant l’été 1942, 315000 enfants, femmes et hommes arrachés du ghetto de Varsovie y sont assassinés. Dans les mois qui suivent, ce sont 337000 Juifs du district de Radom, 35000 du district de Lublin et 107000 du district de Bialystok qui sont exterminés. A ce décompte effarant s’ajoutent des milliers de Juifs déportés d’autres pays : 7000 Slovaques, 8000 venant du camp de concentration de Theresienstadt (Tchèques, Allemands, Autrichiens), 4000 Grecs, et 7000 Macédoniens ainsi que plus de 2000 Tziganes !!!

Et c’est ça qu’un salaud a qualifié un jour de “point de détail” de l’histoire ? Desproges disait “Il y a sûrement plus d’humanité dans l’oeil d’un chien quand il remue la queue que dans la queue de Le Pen quand il remue son oeil” !

« Der Schoß ist fruchtbar noch, aus dem das kroch » ; littéralement : « Le ventre est encore fécond d’où c’est sorti en rampant » a écrit Bertolt Brecht en 1941 dans sa pièce “La Résistible Ascension d’Arturo Ui, sa satire de l’ascension d’Adolf Hitler.

Par ailleurs, Jean Rouaud écrivait dans Carnac ou le Prince des lignes, un joli essai publié en 1999 au Éditions du Seuil : « « Ce qu’on ne sait pas, c’est peut-être terrible », dit le jeune Rimbaud. Dans le cas de Carnac, comme on ne sait rien, on peut craindre le pire. (…) La pauvreté du matériau humain est telle que devant les alignements on reconnaît sans peine la figure démente des bâtisseurs d’empires. (…) Il y a du génocide planifié à Carnac. » Saillie, formidable, vertigineuse, terrifiante… On en reparlera.

Aujourd’hui 17000 pierres sont dressées à Tréblinka pour y redonner toute sa place à l’Homme, à L’Humain.

Le mémorial juif de Tréblinka témoigne aussi d’un phénomène, aux formes et intentions multiples, que nous aborderons souvent à bord des Vaisseaux de Pierres : le néomégalithisme.

Cyrille CHAIGNEAU pour Les Vaisseaux de Pierres.

Pour citer cet article : Chaigneau C., 2023. Un monument néomégalithique : le Mémorial Juif du camp d’extermination nazi de Tréblinka (Pologne). In : Les Vaisseaux de Pierres. Exploration des imaginaires autour et sur les mégalithes de Carnac et d’ailleurs, mis en ligne le 25 janvier 2023.- https://lesvaisseauxdepierres-carnac.fr/, consulté le : …