Le musée imaginaire (17) : Albert Gouget

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Quelques éléments biographiques

On sait peu de chose sur Albert GOUGET, si ce n’est que le peintre, né en 1856 à Ismaïlia en Egypte et décédé en 1948, Neuilly-sur-seine, a vécu de nombreuses années à Marseille. Spécialiste reconnu de son temps de la technique pastel, il en tire quelques lithographies en couleurs.

Exposant régulièrement à Paris, et dans les grandes villes du sud de la France, il propose d’abord des paysages de Provence, avec une prédilection pour la Camargue1. Mais on le sait peindre aussi les côtes de Bretagne et de Normandie, mais encore la campagne beauceronne.

A la lecture de la presse de l’époque on le devine proche de l’Action Française, mouvement politique nationaliste et royaliste d’extrême-droite, et très engagé dans l’action patriotique.

Mais quid de la technique du pastel ?

La technique du pastel s’apparente à la fois au dessin et à la peinture. Certains artistes utilisent une technique proche du fusain fondée sur l’utilisation de lignes et l’estompage. D’autres ont une approche picturale en superposant des couches épaisses de couleur.

Le pastel semble avoir été inventé en France et en Italie à la fin du 15ème siècle. Il est très prisé dès le 17ème siècle où ses couleurs franches et son aptitude à imiter fidèlement les tissus, les textures et les lumières le rendent indissociable de l’art du portrait. Mais c’est au 18ème que le pastel connaît son âge d’or. Maurice-Quentin de La Tour, surnommé le « prince des pastellistes », met au point une méthode de fixation du pastel aujourd’hui disparue. La technique tombe en désuétude peu après la Révolution française au profit de la peinture à l’huile.

Il continue pourtant a être utilisé et poursuit même son évolution grâce aux impressionnistes, tel Edgar Degas, Toulouse-Lautrec, et les peintre nabis, entre autres Édouard Vuillard. Il connait bientôt une véritable renaissance dans les années 1890 avec le mouvement symboliste. Sa technique subtile est propice à l’expression des préoccupations de ces artistes, parmi eux l’inclassable Odilon Redon. Vers 1950, la technique du pastel semble avoir pratiquement disparu. En 1986, dans son « éloge du pastel », publié dans Considération sur l’état des Beaux-Arts, l’historien de l’art Jean Clair en appelle à un retour à cette pratique particulièrement virtuose et subtile en opposition à ce qu’il considère comme une certaine facilité de la peinture contemporaine.

Le tableau

Ce pastel est passionnant… impressionnant… Au premier plan, le tumulus Saint-Michel est déplacé au nord du territoire afin de porter le regard, depuis un point haut, sur une succession de bandes qui recomposent le paysage en cinq bandes (si on compte les toits de ce village qui se profilent derrière les alignements à gauche), chacune à la fois très évocatrice même si très peu réaliste. La rupture franche entre le calvaire (lui-même fragmenté, recomposé, réinventé) et les lignes d’horizon successives. Une première bande étonnamment grise où Gouget installe des alignements discontinus, presque fantomatiques, dans des camaïeux évoquant les couleurs de la lande. Le village de Carnac étiré en une longue bande sombre sous une mer plus lumineuse que le ciel (où l’on devine un coucher de soleil de solstice d’hiver). La quasi absence d’ombres portées rendant l’ensemble encore plus irréel.

Cyrille Chaigneau pour Les Vaisseaux de Pierres

Notes

  1. Journal des débats politiques et littéraires, 27 novembre 1920, p. 3 : “Marines et paysages de France d’Albert Gouget”. Nous avons le plus grand plaisir a attirer l’attention des amateurs véritablement épris d’art sur la délicieuse exposition de pastels du peintre Albert Gouget chez P. Hénaut, 1, rue des Pyramides, Place de Rivoli. D’aucuns vont chercher à Venise, en Italie ou en Orient les sujets de leurs tableaux ; Albert Gouget se contente des paysages de France dont il excelle à exprimer toute la beauté. Il a pour notre Provence ensoleillée et si pittoresque une prédilection marquée. Nul mieux que lui na su saisir et fixer le charme étrange et si particulier de la Camargue. II est le peintre des gardians et des manades, le peintre des étangs moirés sur lesquels le couchant ou l’aurore sèment des pierreries.” ↩︎

Pour citer cet article : Chaigneau C., 2024. “Le musée imaginaire (17) : Albert Gouget”, dans : Les Vaisseaux de Pierres. Exploration des imaginaires autour et sur les mégalithes de Carnac et d’ailleurs, mis en ligne le 20 mars 2024.- https://lesvaisseauxdepierres-carnac.fr/, consulté le : …

Cette publication a un commentaire

  1. Anne

    J’aime beaucoup l’atmosphère de ce tableau

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