Stonehenge au cinéma (1) : “Night of the Demon” de Jacques Tourneur (1957)

Des films avec des menhirs et des dolmens dedans, il y en a beaucoup… des chefs-d’œuvre, des classiques, des qui font peur, des qui font rêver, des qui font pleurer, des nanars réjouissants et pleins de sombres bouses. Dans la série : Stonehenge au cinéma, retour sur un chef-d’œuvre du cinéma horrifique des années 1950 : Night of the Demon de Jacques Tourneur, sorti en 1957.

Dana Andrews

L’histoire ? Le professeur Harrington (Maurice Denham), qui dénonçait les activités démonologiques du docteur Julian Karswell (Niall MacGinnis), trouve la mort dans un étrange accident de voiture. Son collègue, le savant américain John Holden (Dana Andrews), venu à Londres participer à un congrès de parapsychologie, enquête sur sa disparition…

Jacques Tourneur (1904-1973), est un cinéaste français qui a fait l’essentiel de sa carrière à Hollywood (il avait obtenu la nationalité américaine en 1919).

Génie des ombres, il reste l’un des plus grands cinéastes de la peur, par sa conception d’une angoisse tapie dans l’obscurité, basée bien plus sur l’ellipse visuelle, le danger invisible, le rôdeur tapi dans les ténèbres que sur l’explicite. Car c’est l’emprise de l’inconnu qui accélère le pouls chez Tourneur, nous éblouissant autant qu’il nous tourmente. De la Féline à Vaudou, ce sont les bruissements, les visages non découverts, les silhouettes, tous les mouvements pouvant se dessiner contre un mur qui suscitent l’épouvante, une sensation anxiogène dont le lyrisme poétique n’a d’égal que la beauté expressionniste.

Bande annonce originale

La fameuse apparition controversée du monstre sur les rails dans le final du film (apparition imposée par le producteur) n’en est que d’autant plus incongrue dans sa filmographie, comme un détail qui n’appartient pas au cinéaste dans un chef d’œuvre absolu du cinéma fantastique, à ranger aux côtés de Haunting de Robert Wise ou Les Innocents de Jack Clayton. Portée par l’interprétation impériale de Dana Andrews, fabuleuse adaptation de Casting the Runes, nouvelle écrite par M.R. James en 1911, Night of the Demon et son parchemin magique dont chacun essaie de se séparer pour échapper à la malédiction est un conte fantastique magistral nourri à l’occultisme et à la démonologie doublé d’un des rares avatars réussis de surnaturel celtique.

Night of the Demon a été exploité aux Etats-Unis sous le titre Curse of the Demon et en France avec Rendez-vous avec la peur. Ahhh les titres français… Tout un poème. Il existe 4 versions différentes du film qui a souffert de nombreuses coupes et remontages en fonction des pays où il fut exploité. Une seule compte : la version originale de 96 minutes.

Cyrille Chaigneau pour Les Vaisseaux de Pierres